Des chercheurs ont décrypté le génome de la baleine boréale, levant le voile sur la longévité exceptionnelle de ce mammifère, qui est en effet capable de vivre deux siècles.
La baleine boréale est le mammifère à la plus longue espérance de vie.
©FLIP NICKLIN / MINDEN PICTURES / BIOSPHOTO / AFP
La baleine boréale, le mammifère qui a la plus longue espérance de vie
Avec sa robe noire, son menton blanc et sa nageoire dorsale manquante, la baleine boréale (Balaena mysticetus), aussi appelée baleine du Groenland, n'a pas son pareil. Mais elle se distingue aussi par une autre caractéristique : c'est le mammifère qui a la plus longue espérance de vie. La baleine boréale est en effet capable de vivre près de deux siècles ! Un record que des chercheurs de l'université de Liverpool ont tenté de comprendre. Comment cet animal parvient-il à lutter contre les maladies liées à l'âge et en particulier le cancer ? Car, du fait de son gigantisme - Balaena mysticetus compte parmi les plus grandes baleines : elle mesure environ 20 mètres de longueur et pèse jusqu'à 100 tonnes -, il possède plus de 1.000 fois plus de cellules que les humains et devrait donc au contraire être soumis à un risque accru de cancer. Les scientifiques pensent que la baleine boréale a développé des mécanismes de prévention du cancer, de l'immunosénescence (vieillissement du système immunitaire) et des maladies neurodégénératives, cardiovasculaires et métaboliques. Leur étude, parue dans la revue Cell Reports mardi 6 janvier 2015, est basée sur le décryptage du génome de l'animal.
Un modèle thérapeutique ?
De fait, les scientifiques ont comparé le génome de la baleine boréale avec celui de mammifères à la durée de vie plus courte (vaches, humains et souris) afin de mettre en évidence les différences génétiques et découvrir les particularismes de ce cétacé de l'Arctique. Ils ont relevé 151 micro-ARN (des régulateurs capables "d'éteindre" certains gènes) non-présents chez les autres mammifères et donc uniques chez la baleine boréale. "Nous avons trouvé des variations au niveau d'un gène spécifique impliqué dans la thermorégulation (UCP1), explique le Dr João Pedro de Magalhães de l'université de Liverpool. Ces changements peuvent être liés à des différences métaboliques dans les cellules de la baleine. Cela pourrait nous permettre de voir comment et pourquoi la baleine boréale a acquis une taille si importante". Les chercheurs ont également découvert des mutations spécifiques à la baleine boréale sur le gène ERCC1, jouant un rôle dans la survenue de cancer et dans le vieillissement cellulaire, ainsi que des duplications au niveau du gène PCNA, associé à la réparation de l'ADN et au cycle cellulaire. Le séquençage du génome de la baleine boréale a ainsi montré des changements dans l'information génétique ayant des implications dans la division cellulaire, la réparation de l'ADN, la maladie et le vieillissement. Une analyse plus approfondie pourrait aider à nourrir de futures études, chez l'homme cette fois, sur la longévité, ainsi que sur la résistance au cancer. Une question demeure : voudrions-nous vraiment vivre 200 ans ?
Source:
article de Science et avenir
Comentários